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Regardez avec vos émotions
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Le 12.07.21

Regardez avec vos émotions

Dans le cadre du NEXT Festival, le théâtre de Deinze accueillait Connor Schumacher et sa « techno jazz » performance : « Rage Against Various Elements ». Le 22 novembre, en plus du show, une afterparty était proposée pour prolonger l’expérience.


S’élever contre les normes


Quand on rentre dans la salle, les sept artistes scrutent l’arrivée du public. Tous s’étirent, et la scène semble être une salle de répétition. Connor Schumacher introduit son spectacle, puis les lumières s’éteignent pour laisser place à un tissu noir et mouvant flottant dans les airs. Pendant de longues minutes, le poème « This is my heart » résonne sur une musique techno donnant le la. Cette introduction semble au premier abord présenter uniquement la figure classique de « l’artiste torturé ». Mais à la vue des costumes et du décor, le spectacle s’annonce plus profond et intriguant. La scène reprend les codes de la salle de danse traditionnelle avec un praticable blanc et un miroir en fond. Cependant le miroir est déformant. Il renvoie l’idée que les autres nous perçoivent différemment, et impactent donc notre propre vision de nous-même. Les danseurs ne sont pas affectés par leur reflet et assument cette différence sublimée par la danse. La chorégraphie reprend des pas de danse classique, mais les costumes dénotent : tous les corps arborent des corsets, des porte-jarretelles, d’autres des jupes, des épaulettes, détournant les normes de genre. Tous sont maquillés. Contre les codes très genrés de la danse, les artistes revendiquent leur identité queer pour se réapproprier l’espace scénique.

La danse et la musique, mégaphones d’un état d’esprit

Connor Schumacher explore le thème de la famille à travers différents prismes. À travers l’écriture de textes en prose dictés sur de la musique techno, il évoque la perte de sa soeur et son deuil. Venant d’un milieu militaire américain très conservateur, il explique avoir trouvé dans la communauté queer une famille : un espace où l’on est accepté et compris. Connor Schumacher exprime la difficulté qu’il éprouve à accepter la reconnaissance de son travail quand elle lui est faite. Un sentiment d’illégitimité le submerge. Survient alors une chorégraphie rythmée avec des jeux de lumière vifs et saccadés qui expose son expérience. La musique est aussi très forte, comme dans une rave party. Il met en scène une prise de drogue qu’il assume comme sa manière de faire face à ses démons. La danse extériorise ses peurs, et même si elle ne résout pas tous ses conflits intérieurs, elle est un pas vers une idée de guérison. Quand le spectacle se termine, les lumières sont blanches, les artistes sont pratiquement nus et semblent se délivrer de tout artifice. Ils se montrent en tant qu’humains dans la forme la plus sobre. Leur histoire résonne en nous, encore plus quand Connor Schumacher nous interpelle : « Levez votre main si vous avez déjà pensé qu’il était impossible de recevoir un compliment ».

« Nous serions plus heureux si nous dansions tous les jours »

Pour lui, la danse est essentielle et lui sert d’outil pour exprimer tous les maux dont un humain peut souffrir. Cet art lui permet ainsi d’entrer en résonance avec le public. Connor Schumacher crée alors un spectacle en deux temps : la représentation puis l’aftershow. Après la performance, l’audience est invitée à changer de salle pour un DJ set techno d’Europarking qui a signé la plupart des musiques utilisées pendant le show. Les artistes se joignent au public en sortie de scène, ce qui les rend accessibles. Connor Schumacher met en application sa devise et parvient à faire danser toutes les générations présentes. La musique et la danse nous amènent à écouter nos émotions, et à réfléchir à une nouvelle manière de nous révolter.

Rose Andrau et Marta Roger-Germani