Retour sur nos rendez-vous avec la compagnie Hippolyte a mal au cœur, compagnon de route pour quelques saisons.
28 élèves de la classe de CE1 de l’école Paul Fort de Villeneuve d’Ascq ont pris part à l’atelier avec Véronique Lechat comédienne du Préambule des étourdis : qui est Anatole qui traîne sa casserole ?
Se mettre en mouvement, faire un choix, hésiter, y aller, ne pas oser, être embarrassé, paralysé… puis enfin se dépasser.
Le Préambule des étourdis était accueilli au Grand Bleu du 18 au 21 avril 2016. Un bord de plateau a suivi la représentation de ce samedi. Discussion autour de la casserole d’Anatole, enfin, de nos casseroles – petites ou grandes – qu’il nous faut apprendre à habiller, à modeler, à porter…
Les rencontres qu’Estelle Savasta suscite et les émotions qu’elle explore font retentir de doux bruissements dans nos cœurs et dans nos têtes. Il y a dans ses spectacles une attention portée à l’autre, une douceur et une délicatesse qui imprègnent la mise en scènes, traversent les personnages et touchent le spectateur.
« Ma compagnie s’appelle Hippolyte a mal au cœur parce que je crois que c’est à cause du mal de cœur que je fais du théâtre mais que ce n’est pas une raison pour le dire de manière grave. »
Estelle Savasta se cogne à des questions, des questions parfois sans réponses, sa tête fourmille, elle en marche à côté de ses chaussures, en perd ses clefs, mais de ces questions elle finit par en faire un spectacle. Et pour ce faire, la compagnie s’entoure de nombreux collaborateurs, des professionnels bien sûr, et des jeunes, enfants de 6 à 10 ans pour Le Préambule des étourdis et des jeunes de 14 à 20 ans pour Les lettres jamais écrites la prochaine création que nous accueillerons en janvier 2017.
Le labo de création dans le cadre de « Youth is Great » en avril dernier a notamment réuni 8 jeunes qui ont pris part au processus de création. Il leur a été donné de réfléchir, d’écrire et de se mettre en mouvement sur le thème de la désobéissance. De la désobéissance civile à la désobéissance intime. A quoi obéissons-nous chaque jour ? Sciemment et inconsciemment. A quoi voudrions-nous résister si nous prenions le temps de nous poser la question ? Où se situe notre limite intime entre soumission et sagesse?
La liste des questions dans lesquelles se plonge Estelle Savasta est longue…
« Il y a des sujets qui me mettent en mouvement mais il y a aussi le désir d’être à l’écoute de ce qui se dit, se vit, résonne, à l’intérieur de chaque groupe. Dans la note d’intention d’une restitution d’un travail mené très récemment avec des jeunes du Nord, j’écrivais que travailler avec des adolescents c’est dans doute accepter d’être dérouté, au sens premier du terme. Dans ce cas précis, nous étions venus travailler sur nos casseroles, nous n’avons cherché, improvisé, écrit qu’autour de nos vies rêvées. Parce que c’est ce qui se jouait là, dans ce groupe, à cet instant. Pour le projet à venir, être dérouté au sens d’être dévié de sa route est plus qu’une acceptation, c’est un désir. Parce que peut-être que la question qui est réellement au centre est plus vaste que notre sujet premier : de quoi parlerait la jeunesse si on lui donnait un peu la parole ? »
De quoi parlerait la jeunesse si on lui donnait un peu la parole ? Nous le découvrirons la saison prochaine, en janvier 2017, avec le spectacle Les lettres jamais écrites. Des mots jamais écrits, des lettres jamais envoyées qui seront retravaillée, puis confiée à un auteur qui répondra comme s’il en était le destinataire. Le spectacle sera un dialogue entre réalité et fiction, entre des ados et des auteurs, des jeunes et les spectateurs…
La compagnie Hippolyte a mal au cœur est un compagnon de route qui rend le voyage bien agréable.